Les mots ont le pouvoir de nous immobiliser ou de nous pousser à l’action. Ils dirigent nos vies, c’est une arme puissante que les politiciens et le monde de la publicité maîtrisent parfaitement. Pour autant, doit-on en avoir peur ? Comment cela fonctionne ? Et dans notre quotidien, au travail comme à la maison, que cela peut-il nous apporter de comprendre leurs mécanismes ?
1. Le pouvoir des mots
Les plus grands orateurs sont certainement les politiciens. Rappelons-nous des phrases mythiques de certains d’entre eux tel que :
- « I have a dream » de Martin Luther King
- « Mais vous avez tout à fait raison, M. le premier ministre » de F. Mitterand à J. Chiraque lors du débat présidentiel de 1988
Par des mots, les orateurs arrivent à créer une onde d’émotions qui traversent toute une foule. Voici une vidéo montrant le Général de Gaulle lors d’une visite à Montréal en 1967. Son discours et la réponse de la foule lui ont créé de grandes difficultés diplomatiques avec la Canada par la suite.
Les plus grands dictateurs ont su mobiliser les foules rien que par des mots.
Et, la publicité n’est pas en reste ! Les slogans publicitaires soigneusement élaborés nous restent en tête et nous incitent à choisir une marque en particulier parce qu’elle nous semble familière.
2. Pourquoi et comment cela fonction ?
Les neurosciences nous apportent un début de réponse grâce à la notion d’intelligence émotionnelle. Ils nous expliquent que « nous possédons deux esprits : l’un pense, l’autre ressent »[1]. L’esprit rationnel, la pensé analytique est géré par le néocortex à l’arrière du cerveau. Tant dis que l’esprit émotionnel est géré par l’amygdale, un circuit plus court. Et ces deux circuits sont connectés entre eux. Cette organisation met en évidence deux phénomènes :
1. « Plus un sentiment est intense, plus l’esprit émotionnel domine et plus le rationnel perd de son efficacité » [2]. En d’autres termes, plus nos émotions sont fortes, plus nous perdons notre capacité d’analyse de la situation et plus vite nous réagissons. On parle de « réagir sous le coup de l’émotion ».
2. Puisque ces deux circuits sont connectés, « les émotions sont indispensables à la pensée, tant pour prendre des décisions sages que, tout simplement, pour réfléchir de façon claire » [3].
Par exemple, tout achat immobilier, aussi rationnel qu’il puisse être se concrétise par un coup de cœur ! Et à l’inverse, en cas de forte contrariété, nous sommes incapables de nous concentrer sur une autre problématique concrète.
De plus, l’étymologie du mot É-MOTION : « Motion » vient du verbe latin motere qui signifie « mouvoir ». Et E signifie « mouvement vers l’extérieur ».
En conclusion, les mots, en créant une émotion chez notre interlocuteur le pousse à agir. Si l’énergie dégagé par ce mot lui procure un sentiment négatif, il aura tendance à se refermer sur lui-même ou à exprimer de la colère, sous le coup de la peur. Et inversement, si l’énergie dégagé par ce mot lui procure un sentiment positif, il aura tendance à passer à l’action de manière plus raisonné en faisant appel à son esprit rationnel. Et, plus l’intensité de l’émotion est forte, plus vite il passera à l’action.
[1] [2] [3] L’intelligence émotionnelle – Daniel Goleman
3. Le pouvoir des phrases positives et négatives
Dans notre vie privée comme dans notre vie professionnelle, lorsque nous cherchons à motiver quelqu’un, à le faire agir, nous employons des tournures de phrases plus ou moins efficaces. Et, quels impacts auront nos mots sur notre interlocuteur ? Que peut-il ressentir lorsqu’il les entend ? Voici, ci-dessous quelques exemples.
3.1. Mots et tournures de phrase qui inhibent
« C’est impossible » : Nous bloque dans notre élan de créativité, on peut ressentir de la frustration, se sentir incompris-e.
« Non, … », « c’est faux … » : génère de la frustration et de la déception.
« Ah, non, non » : comme réponse à une proposition qui nous a value des heures de travail…
« Oui… mais… » : engendre de la frustration, parfois le sentiment d’être ignoré, incompris-e.
« TU » : en employant le sujet « Tu » nous accusons la personne qui est en face de nous, nous lui soulignons son erreur, il est en faute. Cela génère un panel d’émotions négatives en fonction de la personne et de la situation. Ça peut être de la frustration, de la honte, de la culpabilité, de la colère etc… Et, en employant le « tu », nous avons tendance a faire des raccourcis basés sur des interprétations et des jugements. Exemple : « tu ne m’as pas envoyé l’e-mail ». C’est peut-être vrai et c’est peut-être faux. L’e-mail en question n’est peut-être jamais arrivé à son destinataire ! Ou le destinataire en question ne l’a peut-être pas vu… Rappelez-vous que : « le tu tues ».
Toute forme de menace d’un danger qui engendre la peur
Le verbe « devoir » : perçu comme une contrainte, un labeur. Personne n’aime les devoirs.
Sans oublier tous les mots expriment un jugement et qui génère un sentiment de mépris, d’humiliation ou de honte tel que « c’est nul ».
Ainsi, en démarrant nos phrases par ces tournures, nous plaçons notre interlocuteur dans un inconfort. Et, lorsqu’il est sous l’emprise de telles émotions, il ne peut pas faire appel à notre esprit rationnel. Son cerveau « tourne en boucle » et il n’écoute plus la suite du message. Pour éviter ce phénomène, nous pouvons choisir des tournures de phrases qui susciter une émotion positive à notre interlocuteur. Voici, quelques exemples dans le paragraphe suivant.
3.2. Mots et tournures de phrase qui mobilisent
Le verbe « aller » à la place du verbe « devoir » : « Je dois remplir ma fiche d’imposition ce soir », devient « je vais remplir ma fiche d’imposition ce soir ». Malgré la difficulté de la tâche, elle est perçue comme plus légère, plus atteignable ! A la place d’avoir le sentiment de subir, nous « programmons » notre cerveau pour qu’il le réalise la tâche.
« Tu vas y arriver » : procure un sentiment de confiance, sécurité, excitation, apaisement
« Et » à la place de « mais » : permet d’éviter d’engendrer de la frustration à notre interlocuteur et le place en situation d’écoute.
« Pourquoi ? » à la place de « c’est faux » : Interroger son interlocuteur sur ses propos nous permet d’éviter toute interprétation et tout jugement néfaste à la créativité et à la recherche de solution comme vu dans le paragraphe précédent. Et, en l’interrogant au lieu de le juger, nous comprenons la raison de ce qu’il avance et nous favorisons la réflexion.
« Merci, bravo, c’est très bien, bon travail » : Toute tournure de phrase ayant pour objectif de féliciter la personne. Elles favorisent la confiance en soi, la reconnaissance. Avant de suggérer des améliorations à faire sur un travail donné, en félicitant la personne, nous lui procurons un sentiment de fierté, un sentiment donc positif qui lui permettra d’avoir toute notre attention, de mobiliser son esprit rationnel pour recevoir la suite de notre commentaire.
Toutes les tournures de phrase qui procurent des sentiments positifs à notre interlocuteur tel que la confiance en soi, sécurité, excitation, apaisement, lui permet de mobiliser son esprit rationnel et donc son intelligence analytique. Ce qui est bénéfique à toute entreprise !
3.3. La puissance de la pensée positive
Notre cerveau ne comprend pas la négation, si vous dites à quelqu’un « c’est pas mal ! », il retient « c’est mal ». Votre compliment aura beaucoup plus d’impact si vous dites « c’est bien ! »
Quelques phrases positives qui nous font du bien :
La puissance des mots est à prendre en comptes lorsque nous parlons. Une fois le mot lâché, il est impossible de revenir en arrière. Certains peuvent blesser bien plus que des coups physiques. Pour autant, il ne faut pas en avoir peur, car comme le dit le proverbe suisse : « Les mots sont comme les abeilles : ils ont le miel et l’aiguillon. ». Pour récolter le miel, employons-nous à utiliser des mots et tournures de phrases positifs qui engendrent des émotions positives pour soi-même et pour notre entourage.